Attester le partage d'une expérience olfactive par plusieurs individus est une gageure, du fait d'obstacles théoriques et méthodologiques souvent présentés comme irréductibles. Après une brève discussion de la réalité de cette irréductibilité, nous essayons de surmonter certains de ces obstacles en distinguant espaces odorants et espaces olfactifs. Si un espace odorant peut-être objectivé et donc partagé, il n'en va pas de même d'un espace olfactif qui relève d'une expérience subjective. Cependant, l'effet invasif des molécules odorantes, plus spécifiquement celles qui provoquent des « mauvaises odeurs », est de nature à atténuer cette subjectivité et, du même coup, à faciliter le partage d'un espace olfactif. Notre argumentation prend appui sur des enquêtes ethnographiques menées au Brésil, en Chine et en Inde et sur une recherche menée en géographie sur la spatialisation des nuisances olfactives.
Si on définit la musicothérapie comme l’usage de la musique afin de promouvoir, maintenir, restaurer la santé sur le plan physique, mental, émotionnel voire spirituel, on souligne ainsi la multiplicité des effets de la musique sur l’organisme et la variété de son utilisation au cours des siècles et dans les différentes civilisations. N’oublions pas que bon nombre de médecins, depuis Hippocrate, considéré comme le « père » de la médecine, et Empédocle jusqu’à Rabelais, étaient aussi des musiciens. Dressons donc un panorama historique des rapports qui ont existé entre musique et médecine et leur évolution d’un objectif originellement curatif à un usage moderne également préventif afin d’assurer une forme de bien-être.
Music can cause pleasant sensations in humans whereas some noises can cause discomfort. The effects of music and noise have also been somewhat studied in animals, showing different impacts. In this review we aim to illustrate the differences and similarities between animals, in terms of their sensitivity to auditory stimuli (noise or music), by first recalling some generalities about the physical characteristics of sound and the biological bases of hearing. Second, based on the studies reported in this review, we conclude that ambient noise is harmful and/or stressful, and that musical sounds can take many forms with a large range of impacts in animals. Finally, we present two practical examples of the use of music with animals (one in the context of a zoo and the other in cattle breeding) and an example of an experiment designed to understand the impact of music on neonate lambs. These three examples highlight how music can help to improve animal welfare.
Le bien-être, c’est tout d’abord une absence. Une absence de certains symptômes psychophysiologiques qui sont, quant à eux, l’expression d’un déséquilibre dans notre homéostasie mentale, et, par contrecoup, organique. Le bien-être, c’est comme le bonheur ou la bonne santé, ses concomitants : on ne s’aperçoit qu’on les avait seulement quand on ne les a plus, nous disent les parémiologues. Le bien-être, ce n’est ni une sensation, ni même un sentiment, c’est une disposition d’esprit, c’est l’ataraxie des Anciens. Mais alors comment arriver à mesurer une absence, quelque chose de l’ordre du spirituel qui échappe, par essence, à toute investigation normative ou quantitative ? Comment obvier ce qui apparaît bien comme étant une aporie ? C’est pourtant le pari pris par ce numéro spécial de la revue JIMIS : existe-t-il une méthodologie pertinente permettant d’évaluer les paramètres psychophysiologiques qui nous font « nous sentir bien » : ce sont en fait les mêmes qui, a contrario, sont perturbés en cas de mal-être. Car le paradoxe est bien là : le bien-être ne peut se définir que par une approche antinomique. Je vous propose donc, en guise de prolégomènes éditoriaux, un court épitomé historique portant surtout sur… le mal-être !
Sensible au fort développement des thérapies non conventionnelles dans nos sociétés occidentales une équipe autour du doyen de la faculté de médecine de Nice s’est questionnée sur ces pratiques plébiscitées par les patients alors qu’elles ne sont pas reconnues par le milieu médical. En 2015, cette équipe réunissant médecins, praticiens et universitaires a décidé de créer une association loi 1901. L’observatoire était né. Discutant du titre de cette structure loi 1901, entre les termes médecines alternatives, parallèles, etc., le choix s’est fixé sur « médecines complémentaires et non conventionnelles ». Qu’on regarde ces pratiques avec bienveillance ou suspicion, il ne fait aucun doute que les patients les utilisent. Le patient retrouve son pouvoir d’agir sur sa santé et la plupart des techniques qu’on appelle « corps-esprit » peuvent lui permettre de trouver des ressources internes de santé, de guérison et d’autonomie, ce qui est fondamental et complémentaire de la médecine dite « conventionnelle » ou officielle. L’observatoire des médecines complémentaires et non conventionnelles de Nice (OMCNC, http://omcnc.fr/) s’est d’abord donné comme objectif d’étudier certaines de ces pratiques les plus validées de soins complémentaires, de soutenir et d’organiser des recherches dans ce champ, d’organiser des colloques annuels pour informer le public et connecter des réseaux de recherches. Au cours de […]
La danse est une forme universelle d'expression humaine qui constitue une activité physique et un langage corporel impliquant un engagement moteur, cognitif, visuospatial, émotionnel et social. Cet article se concentre sur les bienfaits thérapeutiques de la danse sur la santé corps-esprit. Après une introduction, nous discutons de la connexion entre les mouvements du corps et le système nerveux, en soulignant les corrélats neuronaux de la danse récemment mis en évidence par les nouvelles méthodes de la neuroscience de la danse, en montrant comment la danse peut agir positivement sur le cerveau et les nerfs et en ouvrant un large éventail de possibilités pour traiter la santé corps-esprit sur la base d'approches thérapeutiques de la danse. Nous présentons ensuite une revue des études scientifiques traitant des effets thérapeutiques de différentes pratiques impliquant la danse, qui sont très structurées sur l'aspect incarnation ou conscience du corps de la danse. La dernière section illustre certains bénéfices psychologiques cliniques de la danse thérapeutique, lorsqu'elle est utilisée au chevet du patient, en se concentrant sur les points de vue psychologique et émotionnel. En conclusion, cet article examine comment les méthodes récentes permettent de démontrer les avantages thérapeutiques de différentes approches de la danse, qui semblent étroitement liées au rôle essentiel de la conscience corporelle promue par la danse.
Les installations de relaxation rapide afin de réduire le stress apparaissent de plus en plus dans les lieux publics ou de travail. Cependant, les effets de ces dispositifs sur les paramètres physiologiques et psychologiques n'ont pas encore été testés scientifiquement. Cette étude pilote (N = 40) évalue les variations des paramètres de la parole vocale et des émotions faciales dans des vidéos de 3 minutes de participant enregistrées juste avant et après la relaxation, sur quatre groupes différents, trois d'entre eux utilisant une immersion sensorielle rapide (15 minutes) différente. des appareils de relaxation et un groupe témoin n'utilisant aucun appareil. Les paramètres de la parole vocale comprenaient la durée du son, la durée moyenne de la pause, le rapport de durée du son, la fréquence vocale moyenne (F0), l'écart type de F0, le minimum et le maximum de F0, la gigue et le miroitement. L'analyse des émotions faciales comprenait la neutralité, la joie, la tristesse, la surprise, la colère, le dégoût, la peur, le mépris, la valence et l'excitation. L'objectif de cette étude est d'évaluer différents paramètres de l'analyse automatisée des émotions vocales et faciales qui pourraient être utiles pour évaluer l'effet de relaxation de différents appareils et mesurer leurs variations dans les différents groupes expérimentaux. Nous avons identifié des paramètres significatifs qui peuvent être utiles pour évaluer les dispositifs de […]
Les dispositifs de relaxation rapide développés par des entreprises privées proposent des solutions rapides pour lutter contre le stress ou l'anxiété. Cependant, les études scientifiques sur ces dispositifs sont insuffisantes. Dans un article précédent, nous avons évalué la variation de 15 paramètres physiologiques et psychologiques avant et après la relaxation dans 4 groupes de participants utilisant 3 différents appareils de relaxation rapide (15 minutes) avec immersion sensorielle et un groupe témoin n'utilisant aucun appareil. Cette étude pilote a inclus 40 participants, 12 hommes et 28 femmes, âgés de 27 à 68 ans avec une moyenne de 42,7 ± 11,5 ans et a montré que certains paramètres étaient plus pertinents pour l'analyse de ces dispositifs de relaxation et suggéraient des différences dans le processus de la relaxation entre les appareils. Nous avons émis l'hypothèse qu'en analysant les paramètres physiologiques enregistrés au cours du processus de relaxation rapide dans la même population, nous pourrions démêler les variations pré-post-traitement précédemment observées. Les mesures comprenaient des enregistrements d'électroencéphalographie des ondes cérébrales (Muse2 EEG), du rythme respiratoire (mouvements abdominaux mécaniques) et des paramètres de variabilité de la fréquence cardiaque (signaux PPG). L'objectif de l'étude était d'identifier les paramètres physiologiques enregistrés lors de la relaxation qui pourraiet […]
Dans les sociétés développées, le nombre de personnes diagnostiquées avec des maladies chroniques liées au stress a augmenté ces dernières années. Pour répondre à la demande croissante de détente et de bien-être, plusieurs entreprises ont développé des installations de détente à utiliser dans des locaux commerciaux ou dans des lieux publics. Les effets de ces dispositifs sur les paramètres physiologiques et psychologiques n'ont pas encore été testés scientifiquement. Cette étude pilote (N = 40) évalue les variations de 4 paramètres physiologiques et 11 paramètres psychologiques sur quatre groupes différents, trois d'entre eux utilisant un autre appareil de relaxation sensorielle par immersion rapide (15 minutes) et un groupe témoin sans appareil. L'objectif de l'étude était d'identifier les paramètres psychologiques et psychologiques d'intérêt et d'étudier les effets des appareils sur ces paramètres. Les paramètres physiologiques mesurés comprenaient la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la SpO2 et la posture. Les paramètres psychologiques comprenaient une enquête sur l'anxiété et quatre échelles numériques pour évaluer le bien-être, le gain d'énergie et la relaxation musculaire et nerveuse subjective. Nous avons également utilisé des tests cognitifs et des rapports verbatim. Nous avons identifié des paramètres physiologiques et psychologiques significatifs pouvant être utiles pour évaluer les dispositifs de […]
Le rôle computationnel des taux de décharge des neurones dans le traitement de l'information dans le cerveau semble aujourd'hui improbable, même si le principe de l'identité psychoneurale a conduit à de remarquables résultats pratiques. La détection de coïncidences, la mise en oscillation de territoires neu-ronaux, le calage de phase et/ou les avances de phase des émissions neuronales suggèrent l'utilisation par le cerveau d'un codage temporel précis. Ce codage, toutefois, ne vise peut-être pas à la description précise de l'environnement, mais plutôt à la caractérisation statistique des causes des stimulations re-çues compte tenu des connaissances acquises, dans un traitement typiquement bayésien. Mots-clés codage neuronal ; codage temporel ; coïncidence ; oscillations cohérentes ; codage de phase ; information ; Bayes I INTRODUCTION Voici quelques dizaines d'années que l'on enseigne que le cerveau contient 85 ou 100 milliards de neurones, que l'information sensorielle y est acheminée et dirigée vers des aires spécifiques pour y être traitée, et que dans les aires primaires la fréquence de décharge des neurones est à proportion de la ressemblance entre l'information transmise par les nerfs au cerveau et le « champ récep-teur » des neurones 1 : c'est le principe de l'identité psychoneurale. Nous allons tâcher de relativi-ser, voire réviser ces principes en nous intéressant à l'utilisation de la variable temporelle par le cerveau. Mais […]