« Le temps est une illusion » disait Einstein. Qu’est-ce que le temps ? Comment le mesurer ? Comment notre corps et en particulier notre cerveau, évalue-t-il durées, simultanéité, ordre temporel et rythmes, et cela pour des échelles de temps allant de la fraction de seconde à plusieurs années ? Comment l’homme s’y prend-il pour tenter d’apprivoiser le temps physique ? Ce volume de JIMIS consacré aux actes du colloque l'Ere du Temps" tente de répondre à ces questions avec un regard interdisciplinaire.
Au cours des dernières années, le concept de synchronicité a connu un regain d'intérêt dans la population et les rayons de livres de développement personnel. Malheureusement diffusé avec une méconnaissance des subtilités de la pensée de Jung, comment remettre de la rigueur dans ce concept tout en gardant une certaine ouverture ? Dans cet article, nous mettons en relation le principe de l'aléa du quantique établi comme propriété fondamentale du temps par le mathématicien Alain Connes avec les notions de synchronicité, d'archétypes et d'individuation développées par Jung en collaboration avec le prix Nobel de physique Wolfgang Pauli.
The conceptions of time are manifold (cyclic, linear, subjective/objective etc.). This is also true of Ancient Greece (Lloyd 1976). However, in Classical Greece certain human sciences arise and evolve at the same time, including History (Herodotus, Thucydides) and Philosophy (Plato, Aristotle), which may share a common notion of time. We explore the idea that these developments are related to what we observe in the language in the same period, namely that the marking of aspect and mood steps back and gives way to a more precise marking of time in the verbal system. This may be due to mutual influences of the categories of language and thought, as already observed in Benveniste (1958).
Le temps est un thème de recherche qui, comme les concepts de vide, d'infini, d'énergie ou encore d'absolu est polysémique au point d'en devenir totalement indéfinissable. Afin d'éviter cette difficulté de recherche de sens, ne pourrions-nous pas plutôt nous demander s'il peut exister, pour notre espèce, une juste posture existentielle face à l'aspect protéiforme du temps ? En définitive, la question majeure concernant notre rapport au temps n'est-elle pas de savoir si nous avons la capacité de ressentir une possible éternité de soi au coeur même de notre existence soumise à la finitude ? Afin de relever un tel défi, nous devons envisager une interdépendance de la conscience et du temps. Convoquons pour cela le « holisme » de David Bohm, les travaux des Dr Jean-Jacques Charbonnier et Pim Van Lommel sur les états EMI (états de mort imminente), mais ceux également du physicien Carlo Rovelli qui compare le temps à un millefeuille. La philosophie d'Henri Bergson, à l'aide de l'analogie de la flamme et du papillon, nous invitera à repérer différentes « postures » existentielles face aux multiples aspects du temps. Les travaux de Benjamin Libet, de neuroscientifiques comme Antoine Lutz ou encore Francisco Varela, ouvrent un vaste champ de recherche à ce sujet… Enfin, la manière de cultiver l'adéquation de nos états de conscience avec les multiples facettes du temps semble se résumer par […]
Le rôle computationnel des taux de décharge des neurones dans le traitement de l'information dans le cerveau semble aujourd'hui improbable, même si le principe de l'identité psychoneurale a conduit à de remarquables résultats pratiques. La détection de coïncidences, la mise en oscillation de territoires neu-ronaux, le calage de phase et/ou les avances de phase des émissions neuronales suggèrent l'utilisation par le cerveau d'un codage temporel précis. Ce codage, toutefois, ne vise peut-être pas à la description précise de l'environnement, mais plutôt à la caractérisation statistique des causes des stimulations re-çues compte tenu des connaissances acquises, dans un traitement typiquement bayésien. Mots-clés codage neuronal ; codage temporel ; coïncidence ; oscillations cohérentes ; codage de phase ; information ; Bayes I INTRODUCTION Voici quelques dizaines d'années que l'on enseigne que le cerveau contient 85 ou 100 milliards de neurones, que l'information sensorielle y est acheminée et dirigée vers des aires spécifiques pour y être traitée, et que dans les aires primaires la fréquence de décharge des neurones est à proportion de la ressemblance entre l'information transmise par les nerfs au cerveau et le « champ récep-teur » des neurones 1 : c'est le principe de l'identité psychoneurale. Nous allons tâcher de relativi-ser, voire réviser ces principes en nous intéressant à […]
L'exposé d'Etienne Klein a bien mis en situation le traitement du temps et celui de l'irréversibilité des phénomènes physiques par les physiciens depuis Galilée jusqu'à Einstein. Partant de la relativité einsteinienne, je rappellerai dans la première partie de cet exposé quelques traits de la physique contemporaine qu'il faut avoir à l'esprit quand on parle du temps : la nécessité de l'espace-temps, sa structure ; j'utiliserai le voyageur de Langevin pour justifier l'introduction de la gravitation dans la relativité générale ; le contraste entre la loi de l'entropie croissante pour les systèmes isolés et la possibilité de systèmes auto-organisés pour les systèmes ouverts sera rappelé. Dans la seconde partie, l'absence du présent dans la théorie physique est abordée ; j'introduirai la philosophie de la nature d'Alfred North Whitehead, dont le point central concernant le temps est l'inexistence de l'instant. Malgré ses limites, cette philosophie de la nature ouvre des perspectives pour une métaphysique du temps compatible à la fois avec la mécanique quantique et la relativité. Elle a de plus le mérite de proposer une explication du présent et des mécanismes de passage de la potentialité à la réalité concrète. Mots-clés temps ; présent ; instant ; relativité ; mécanique quantique ; Whitehead I INTRODUCTION Arrivé à ce point des conférences « l'ère du […]
Temps et durées sont souvent confondus, ou du moins considérés comme étroitement reliés. Ceci est tout à fait légitime dans le cadre de l'ancienne physique newtonienne, où la notion de temps apparaît comme une reconstruction à partir des durées, permise précisément par ce lien. Mais les physiciens se sont aperçus que ce lien n'était qu'une illusion, une illusion indécelable à la précision de la vie courante ; mais dont les observations physiques de plus en plus précises ont manifesté l'inexactitude. La raison d'être des théories relativistes est de prendre en compte cette rupture ; de fournir une manière exacte et précise de décrire un monde physique dans lequel la notion de temps a perdu sa pertinence. Mots-clés durée ; temps ; relativité ; Einstein I INTRODUCTION Les évocations du temps en soulignent souvent certaines de ses manifestations telles que durée, simultanéité, chronologie, datations… Elles le lient à d'autres notions, comme celle d'évolution, de mouvement, de causalité, d'entropie…, à tel point que parfois ces notions sont confondues, ou en tous cas, mal caractérisées. Dans cet essai je veux souligner clairement la distinction entre les notions de temps et de durée ; je veux montrer que la première est construite à partir de la seconde. J'établirai quelles conditions doivent être remplies pour que cette reconstitution soit possible. Alors il apparaîtra comment la […]
Où la sculpture et l'arbre se rejoignent le temps d'un colloque. Mots-clés Art ; sculpture ; arbre ; temps ; « lumière fossilisée » I DU TEMPS DEVANT SOI Il y a, au début de mon travail, ancrée dans ma plus tendre enfance, une fascination pour la sculpture et un besoin de me confronter aux arbres. Les deux se rejoindront une cinquantaine d'années plus tard à Nice, les 6, 7 et 8 juin 2018, dans le cadre d'un colloque vivifiant par les thèmes abordés, les intervenants et le souci de transmission citoyenne du savoir qui sous-tendait le tout. OEuvrer, à mes yeux, c'est travailler, le corps ancré dans un arrière-plan gigantesque, à la limite de l'incommensurable. C'est libérer du temps, voire, parfois, en générer. J'aime les arbres et je ne suis pas sûr de les comprendre, de les connaître. Je rentre en contact avec eux. Un contact physique, je suis sculpteur. Dans un texte célèbre, Michel-Ange différencie la peinture qu'il définit comme l'acte de rajouter de la matière, de la sculpture qu'il définit comme l'acte d'en retirer (Michel-Ange, 1911). Sculpter vient du latin scalpere qui signifie couper, tailler. Quand je vois un arbre abattu, débité en tronçons, je reconstitue, morceau après morceau, la forme initiale du tronc. Puis je creuse, j'évide en mettant à jour quelques cernes de croissance. A la masse, l'inertie, se substitue un vide qui dévoile l'énergie […]
L’objectif de cet article est de présenter les récents travaux sur le temps psychologique, permettant d’appréhender les différentes facettes du temps et les mécanismes sous-jacents. Une différence est alors faite entre le jugement des durées et ses distorsions sous l’effet des émotions, et le sentiment du passage du temps que l’on appelle parfois l’expérience subjective du temps.
La perception du temps est un aspect fondamental de la cohérence personnelle que nous désignons comme « propre-temps ». Ce temps vécu subjectivement et le temps socialement compté sont entrelacés. Ils sont en résonance, et parfois en contradiction au sein de chaque sujet. Il y a plus : concernant la communication humaine, quand deux personnes se rencontrent deux « propre-temps » se conjuguent et forment un temps relationnel. Nous sommes en présence de deux éléments formant un système, et nous savons que le résultat est différent de la simple somme des parties. Le temps relationnel émergera alors en tant que qualité donnant une coloration, une saveur, au « propre-temps » de chacune des deux personnes en présence. En retour, la situation pourra évoluer vers de l'incompréhension, voire des conflits dus à des vécus temporels différents dans le contexte de la rencontre. Comment agir pour envisager une issue constructive aux situations difficiles ? Pour notre part, à partir de petites expériences concrètes, nous proposerons d'envisager ensemble la « relativité » de la durée subjective et l'orientation personnelle de chacun dans le temps. Puis nous indiquerons leur impact majeur sur le temps relationnel du couple et de la famille. Enfin, nous évoquerons sur ces bases les conditions élémentaires d'une écoute et d'un dialogue renouvelés, autrement dit d'une coopération et d'un développement interpersonnel. […]
Contribution pluridisciplinaire autour de l'installation sonore « Time Opera » de Caroline Bouissou, Agrégée, Artiste, Villa Arson ; présentée lors du Colloque Ère du temps à Nice en Juin 2018, en collaboration avec Lucie Bertrand-Luthereau, Agrégée et Docteure en Lettres, écrivaine chercheure, CHERPA. Le Temps, celui de l'humanité vu au travers d'une démarche plastique et saisi au vol au sein d'une recherche où Art, Littérature et Sciences se répondent.
La question énigmatique du temps, de nature essentiellement physique, psychologique et sociale, a occupé l'individu à partir du moment où il a pris conscience de son existence et de l'environnement qui l'entoure. Les conceptions des jeunes élèves constituent le point de départ pour améliorer leur compréhension du monde. La présente recherche s'intéresse à de très jeunes élèves qui sont en pleine construction du concept de temps. Ces conceptions relatives à la notion de temps jouent un rôle décisif dans l'apprentissage et sont souvent incompatibles avec le modèle scientifique. Leur analyse est un outil d'aménagement d'une zone proximale de développement au sein de laquelle un premier système conceptuel peut être construit par les élèves. Le présent article expose nos premiers résultats obtenus concernant les conceptions d'élèves de 5 à 7 ans sur la relation inverse entre le temps et la vitesse.Mots-clés : conceptions, élèves de 5 à 7 ans, temps, vitesse, méthodologie, analyse qualitative
Nous considérons les deux modèles cosmologiques dominants qui dérivent des deux théories physiques les mieux vérifiées par l’expérience : la relativité générale et la mécanique quantique, bien qu’elles soient incompatibles et un défi majeur en physique est de trouver comment les réconcilier. Le premier modèle est l’univers-bloc, qui est considéré aujourd’hui comme la meilleure façon de décrire notre espace-temps, si l’on accepte toutes les conséquences de la relativité générale, qui semblent impliquer en particulier que notre futur est déjà réalisé et ne peut pas changer. Le second est le modèle du multivers d’Everett, dont l’interprétation la plus populaire est qu’il contient toutes les possibilités alternatives de conduire notre vie à notre échelle humaine (avec autant de copies de notre conscience individuelle). L’objet de cet article est de montrer que l’incompatibilité entre les deux théories dominantes pourrait être résolue dans son principe global à l’aide d’une conception cybernétique du temps, pour laquelle l’espace-temps serait rendu flexible. Dans ce but, nous montrons que les 6 dimensions supplémentaires de l’espace-temps que nous avons introduit dans un précédent article (Guillemant, 2018) pourraient être utilisées pour coordonner l’espace-temps depuis l’extérieur, de façon à le faire évoluer dans le temps cybernétique depuis une structure 4D à une autre structure quelconque […]