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Le sociologue Pierre Bourdieu préconisait la nécessité d'une approche relationnelle de l'analyse des données: les statistiques et les réponses à un questionnaire devaient être considérées comme un simple moyen de relier les individus et de mettre en évidence des facteurs plus ou moins cachés. Ainsi les individus doivent être contextualisés relativement à un environnement social implicite ou encore à un contexte culturel plus général.
L'Analyse des correspondances basée sur la décomposition en valeurs singulières (SVD) a réussi à contextualiser les données individuelles relativement à d'autres individus. L'analyse sémantique latente (LSD) également basée sur la SVD a réussi à contextualiser les mots en fonction de leur contexte d'utilisation. Ces méthodes ont ensuite été généralisées de multiples manières. L'analyse partielle par les moindre carrés avec modélisation des interactions (PLS-pm) permet aux analystes de tester des hypothèses en intégrant un processus de simulation. L'analyse par allocation latente de Dirichlet (LDA) a fourni une alternative probabiliste à l'approche vectorielle LSA.
Parallèlement à ces approches numériques efficaces, les approches discrètes reposant sur la montée en puissance de l'ordinateur ont exploré des approches non fréquentistes. L'analyse formelles de concepts basée sur les treillis de Galois permet de mettre en évidence des facteurs complexes. La visualisation des graphes fondée sur des algorithmes tel que PathFinder et l'analyse de réseaux sociaux ont permis la génération de cartes thématiques à partir de textes bruts.
Dernièrement, les approches par résumé automatique combinées à la recherche d'information ont conduit à des méthodes qui peuvent mettre en évidence le contexte implicite d'un court message à partir de larges ressources encyclopédiques comme le WikiPedia. Enfin l'apprentissage en profondeur sur la base des plongements syntaxiques (Word embedding) permet de réaliser des contextualisations sur de très larges sources de données.
Pierre Bourdieu a été limité par deux obstacles: la puissance des ordinateurs qui à l'époque ne lui permettait pas d'explorer toutes les corrélations et le coût de la numérisation des données. La contextualisation par analyse de corrélations ne pouvait se faire qu'à l'initiative de l'analyste et selon ses choix. Le monde numérique du 21e siècle a renversé ce paradigme. Cependant la suppression de ces deux barrières techniques soulève finalement autant de questions méthodologiques qu'elle n'en résout, en particulier celles relatives aux droits des données et à l'éthique de leur exploitation.
Ce numéro spécial inclura l'état de l'art des méthodes de contextualisation automatiques et les mettra en perspective sur la base de multiples études de cas. Chaque article sera examiné par un comité multidisciplinaire composé de sociologues, d'informaticiens et de mathématiciens.
Pour l'aspect applicatif, tous les domaines relatifs à la représentation ou à l'étude de relations et d'interactions sociales sont concernés :
Pour l'aspect méthodologique, les outils concernés incluent (là aussi de façon non-exhaustive) :
Depuis janvier 2016, JIMIS est un journal international avec comité de lecture, en libre accès (open-access) et couvrant des sujets trans-disciplinaires. Il utilise la licence Creative Commons et est gratuit à la fois pour les auteurs et les lecteurs. Chaque numéro est dirigé par un ou plusieurs éditeurs invités et est dédié à un sujet spécifique. Un numéro rassemble à la fois des articles issus des sciences humaines et sociales et des articles provenant des sciences exactes et expérimentales. Les articles co-signés par des auteurs provenant de ces deux groupes de disciplines sont les bienvenus, mais leur présence ne constitue pas une obligation.
JIMIS sort des sentiers battus de par l'étendue et l'originalité des sujets qui peuvent y être abordés. Le but de chaque numéro est de mettre en perspective différents points de vue sur un sujet commun trans-disciplinaire. JIMIS vise à publier des articles de qualité qui ne trouveraient pas leur place dans des journaux disciplinaires traditionnels, en raison de leur trop forte connexion avec d'autres disciplines. Par exemple, des travaux visant à résoudre un problème multidisciplinaire par nature, à présenter des points de vue alternatifs provenant d'autres domaines, où à transposer des méthodes d'un champ disciplinaire vers un autre.
À l'instar de plusieurs autres journaux internationaux, JIMIS est publié sous l'égide d'Épisciences (http://episciences.org/), une émanation du CNRS. Le comité scientifique de JIMIS est constitué de chercheurs internationalement reconnus, et représentant un certain nombre de domaines distincts (http://jimis.episciences.org/page/comites). Chaque article soumis est évalué par trois relecteurs lors d'une procédure en simple-aveugle (relecteurs anonymes).
Les réumés (optionnels) et articles peuvent être soumis en français ou en anglais. Les soumissions de résumés et des articles se font par courriel au format pdf à l'une des adresses:
eric.sanjuan@univ-avignon.fr ou eric.sanjuan@talne.eu
Les auteurs ayant soumis un résumé peuvent solliciter un accès aux données et ressources du CLEF Microblog Cultural Contextualization lab.
Pour les articles acceptés, les auteurs devront suivre le processus de publication et les règles de rédaction du journal. Il faut tout particulièrement remarquer que la publication implique de placer d'abord l'article sur l'un des sites de prépublication HAL ou arXiv. Des modèles aux formats LaTeX, MS Word et OpenOffice sont fournis sur le site du journal (avec une préférence pour LaTeX).
Il est nécessaire que les articles soumis n'aient jamais été publiés auparavant, ni ne soient en cours de soumission auprès d'autres journaux ou de conférences. Si le travail décrit dans l'article est une extension d'une publication précédente, il faut citer ce travail dans l'article soumis, décrire explicitement les nouvelles contributions et expliquer combien elles sont significatives.
Soumission optionnelle d'un résumé : du 15 au 31 Octobre 2016 (Extension)
Retour des éditeurs à propose des résumés: 1er Novembre 2016
Soumission des articles: 1er décembre 2016
Publication rapide des articles ne nécessitant pas de révision: 30 décembre 2016
Retour des évaluations pour les articles nécessitant une révision: 1er janvier 2017
Date estimée de publication des articles acceptés après révision: mars 2017
Dr. Eric SanJuan, Laboratoire d'Informatique d'Avignon (LIA), Université d'Avignon