Vol 6 - Observatoires scientifiques Milieux / Sociétés, nouveaux enjeux

Depuis des décennies, des observatoires sont mis en place pour répondre au manque de connaissances sur des phénomènes complexes à dimensions spatiale et temporelle. Initialement dédiés à l’examen rigoureux d’un fait, d’un processus pour mieux le connaître, le comprendre et le suivre sans intention d’agir sur lui, ils sont d’abord des dispositifs scientifiques d’investigation à long terme créés par et pour la recherche et plutôt sur des phénomènes biophysiques. Puis, ces observatoires scientifiques s’ouvrent progressivement aux problématiques environnementales résultant des interactions entre les hommes et leurs milieux (écologiques, sociaux et économiques). Ils s’ouvrent également au monde de la gestion territoriale et aux citoyens, notamment face aux changements globaux et à l’urgence de la décision et de l’action à différentes échelles, du plus global au plus local et inversement. Ce faisant, les observatoires se diversifient dans leurs missions, leurs mises en œuvre scientifique et technique, leurs gouvernances, leurs formes et représentations.

Dans ce contexte, force est de constater aujourd’hui que le concept d’observatoire est devenu polysémique. Sur certains territoires, ils coexistent, voire se concurrencent, tandis que d’autres territoires en sont démunis. De profondes inégalités territoriales existent vis-à-vis du patrimoine informationnel existant, de sa qualité, de son accessibilité et de son utilisation. Certains observatoires délivrent des informations et des connaissances aux citoyens, d’autres sont essentiellement destinés au public académique. Alors que le besoin d’observatoires demeure, la question du rôle, de la structure et du fonctionnement de tels outils d’observation, d’analyse et de suivi se pose, pour comprendre les phénomènes spatio-temporels utiles à la décision sur l’ensemble des territoires, pour être en capacité d’investiguer à moyen et long terme, pour intégrer les évolutions potentielles, des connaissances, des besoins des décideurs et utilisateurs et celles des réglementations en matière de données.

Une fois cette question posée, la réhabilitation et/ou émergence du concept de ce que nous désignons comme « observatoire scientifique Milieux / Sociétés » semble nécessaire. Comment peut-il réduire les manques aux interfaces entre données et connaissances, sociétés et milieux, systèmes et empreintes, scientifiques, citoyens et politiques, local et global, matérialités et représentations, numérique et/ou symbolique ?

L’objectif de ce numéro est de mettre en perspective des contributions pluri-disciplinaires mais aussi inter-disciplinaires issues de différentes sciences (sciences de l’information, géographique notamment, sciences des infrastructures et interfaces, sciences de l’environnement, sciences humaines et sociales) qui permettront d’aborder des facettes théoriques et techniques des observatoires scientifiques Milieux/Sociétés et/ou de discuter leurs évolutions.

Les éditeurs attendent notamment des contributions sur :

  • des modèles d’observatoire scientifique Milieux / Sociétés ;

  • leur cycle de vie et positionnement vis-à-vis des Infrastructures de données et infrastructures de recherche notamment en termes de données géographiques, de services rendus ou de mission confiée ;

  • les techniques d’observations explicites et implicites permettant d’analyser sur le long terme les fonctionnements, les usages, et les dynamiques ;

  • les cadres politiques, juridiques et éthiques de mise en œuvre de ces observatoires.

La qualité de l’analyse de l’existant et le caractère innovant des propositions actuelles ou en devenir seront considérés. La diversité des compétences et points de vue disciplinaires, la réflexivité sur des expériences contrastées d’observatoires et la réflexion sur les concepts seront encouragées, notamment pour construire des visions partagées, et monter en abstraction.